73.

Très tard ce soir-là, à Washington, le président Kearney se sentait faible, vieux même, infiniment plus vieux que ses quarante-deux ans. La sueur froide qui lui baignait la nuque lui donnait la sensation d’être malade.

Il était plus d’une heure et demie du matin et la Maison-Blanche était parfaitement silencieuse.

Le président des États-Unis arpentait les couloirs du pouvoir, un document confidentiel sous le bras. Maintenu fermement contre son flanc par son coude droit, le volumineux document lui semblait être incandescent et traverser le tissu de son costume et de sa chemise pour lui brûler la peau.

Comme tous les présidents avant lui, Kearney avait appris, au cours du premier mois de son mandat, que le politicien, quel que soit le niveau de pouvoir qu’il incarnait, n’était guère plus qu’un rouage, un appendice du système. Une concession à la forme, un inconvénient, nécessaire à bien des égards.

Il existait un ordre supérieur dont l’influence dépassait celle du gouvernement américain et qui opérait au sein de celui-ci. Cet ordre supérieur dirigeait le pays depuis des années. C’était, à vrai dire, une réalité d’une évidence saisissante et qui expliquait pratiquement tout ce qui s’était passé au cours des quarante dernières années.

Un comité de douze hommes attendait le président Kearney dans l’imposante et solennelle salle de réunion du Conseil de sécurité nationale, en dépit de l’heure tardive.

Manches de chemise retroussées et nœud de cravate desserré, ces hommes étaient somme toute d’allure banale.

Ils se levèrent d’un bloc lorsque le président des États-Unis apparut.

Le quarante et unième président américain prit alors sa place habituelle, au bout de la table en chêne cirée. Des stylos et plusieurs bloc-notes avaient été soigneusement disposés devant lui.

— Avez-vous lu le rapport, monsieur le président ? s’enquit l’un des douze membres du comité.

— Oui, dans mon bureau, répondit gravement Kearney, son beau visage pâle, presque exsangue.

Il posa alors sur la table l’épais compte rendu confidentiel qu’il avait apporté – un document broché, cent soixante pages dactylographiées, dont il n’existait qu’un exemplaire unique qui ne serait jamais dupliqué.

Une inscription en lettres dorées se détachait sur le fond bleu foncé de la couverture : Green Band. Hautement confidentiel et classé secret.

La page de titre était datée du 16 mai.

Soit sept mois avant l’attentat à la bombe de Wall Street.

Vendredi Noir
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